Monseigneur l'évêque Pierre Henri Lamazou, né à Accous en 1828, mort en 1883

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Source : doc. D. Barraud
Personnalités religieuses de la vallée

Pierre Lamazou est né le 8 mai 1828 à Accous. Rien ne laissait présager du destin de ce nouveau-né, cinquième enfant de Jean Lamazou, 54 ans, secrétaire de mairie puis instituteur à Accous et de Jeanne Ravy, 42 ans ménagère. Pierre est le deuxième fils du couple, après Bertrand né en 1820, mais pas le premier à porter ce prénom puisque son père, veuf d'Appolonie Maisonnave, avait déjà eu, en 1808, le bonheur et le malheur, d'avoir et de perdre, quelques mois après sa naissance, un premier Pierre.
Le jeune Lamazou va faire toutes ses études à Accous sous la houlette de son père. Cette éducation va être interrompue par le décès de celui-ci le 13 mai 1844. Pierre a seize ans. Il est alors probablement pris en charge par son frère Bertrand, son aîné de huit ans. Il le rejoint au Petit séminaire d'Oloron-Sainte-Marie où Bertrand enseigne déjà. Pierre va y faire, nous dit le journal la Semaine religieuse, "de brillantes études littéraires".
Le jeune aspois est talentueux et on le retrouve en 1851 enseignant au petit séminaire de Sainte-Marie pour les classes de sixième alors que son frère lui s'occupe des troisièmes. Il ne reste pas très longtemps à Oloron. Après un séjour au Grand séminaire de Bayonne, il entre au séminaire Saint Sulpice de Paris. C'est là qu'il est ordonné prêtre le 23 décembre 1854 pour devenir aussitôt vicaire de Saint Sulpice. (Notons que son frère Bertrand a lui aussi été ordonné prêtre, à Bayonne, en 1847).
Le 16 octobre 1855, à l'occasion de la deuxième Exposition Universelle qui se tient à Paris, Pierre Lamazou rédige pour le numéro 5906 de la revue l'Ami de la religion, un essai sur l'état de la culture organistique en France. Il montre qu'il est, à 26 ans, un des meilleurs connaisseurs de cet instrument. C'est aussi à cette époque qu'il devient l'ami et le protecteur d'un des plus grands facteurs d'orgue français, Aristide Cavaillé-Coll.
L'abbé Lamazou va collaborer de plus en plus à cette revue dont il assure, à partir de 1859, la direction. C'est aussi à cette date qu'il part en pèlerinage à Jérusalem. A son retour, il est reçu en audience à Rome, une heure, par le pape Pie IX.
Le 1er juillet 1861, il est nommé vicaire de l'église de la Madeleine à Paris et continue de se passionner pour l'orgue. Il entreprend des voyages à Fribourg, Berlin, Harlem, Londres, probablement à l'instigation de Cavaillé-Coll, pour écouter les orgues les plus connues à l'époque. Ses travaux littéraires et son intérêt pour la défense et le développement de l'orgue lui valent d'être, en 1868, secrétaire-rapporteur à la réception du grand orgue de Notre Dame. La croix de Chevalier de la Légion d'honneur lui est attribuée le 30 octobre 1870, sur rapport du Ministre de l'Instruction publique et des Cultes. Il devra attendre deux ans pour la recevoir des mains de Jean-Baptiste Jourdan, vicaire général de Paris, car, entre-temps, a éclaté l'insurrection communarde.
Après avoir sauvé l'église de la Madeleine du pillage, l'abbé Lamazou est finalement arrêté pendant une dizaine de jours et emprisonné, comme otage, à la prison de la Roquette. Il échappe de peu à l'exécution ce qui ne sera pas le cas du curé de la Madeleine. De cette douloureuse expérience, il publiera un ouvrage intitulé La place Vendôme et la Roquette. Ce livre connut un grand succès concrétisé par quinze éditions en six ans.
Le 16 juillet 1874, il est nommé curé de Notre Dame d'Auteuil. Il va déployer une énorme énergie pour faire aboutir la construction d'une nouvelle église et trouver les financements nécessaires. La première pierre est posée le 1er juillet 1877. L'abbé Lamazou a juste le temps d'y donner une messe inaugurale trois ans plus tard quand il est nommé, le 13 mai 1881, évêque de Limoges et sacré à Rome le 29 juin.
Pendant toute la durée de son épiscopat, il va continuer à développer une activité importante qui provoque progressivement chez lui de grandes fatigues. Le 3 juillet 1883, il est nommé évêque d'Amiens. Affaibli, il décide d'aller, sur les conseils de médecins, prendre les eaux à Saint Honoré les Bains. C'est à son retour, sur le quai de la gare de Nevers, qu'il s'effondre et meurt le 10 juillet 1883.
Son enterrement a lieu à Limoges le 17 juillet en présence d'une foule importante et de nombreux prélats. Le même jour, une messe est donnée en sa mémoire dans l'église d'Accous, commune dont il était toujours resté très proche. Il y était président d'honneur de la société de secours mutuel et n'hésitait pas à envoyer régulièrement des dons comme cette somme de 200 francs qu'il adressa pour l'achat d'une pompe à incendie.
Un an après sa mort, la paroisse d'Auteuil obtint que son corps soit transféré et inhumé dans l'église qu'il avait contribué à construire, sous la tribune du grand orgue. Une statue de lui, agenouillé en prière, existe encore dans l'église à l'emplacement de son tombeau.

(renseignements extraits de: Registres d'état-civil d'Accous; Archives nationales dossier L1454092; Revue La flûte harmonique, n°70-71, 1996; La Semaine religieuse de Paris, n° du 21 juillet 1883; archives privées de M. Loic Metrope, organiste de Saint Roch)

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