Les origines familiales de la famille de Clermont
Philippe de Clermont (1831-1921), père de Raoul, est né à Paris, descendant d’une longue lignée d’industriels, des drapiers renommés allemands dont on retrouve les traces dès le XVIIe siècle aux environs d’Aix-la-Chapelle. Au XVIIIe siècle, la draperie von Clermont, réputée dans toute l’Europe, se développe, mais ne résistera pas aux conséquences de la Révolution française et des guerres napoléoniennes ; la famille se disperse entre Paris et l’Angleterre. Auguste von Clermont, grand-père de Raoul, s’installe à Paris après son mariage avec Wilhelmine Hessler à Francfort-sur-le-Main.
Philippe de Clermont épouse en 1860 Clémentine Peugeot, fille d’un industriel protestant du Pays de Montbéliard, Constant Peugeot, et arrière-petite-fille de Frédéric Japy, qui a créé en 1771 la première usine de fabrication mécanique de montres en France et qui sera un des pionniers de la révolution industrielle.
Philippe et Clémentine auront deux enfants nés dans le Doubs, Raoul en 1863 et Philibert en 1864, puis une fille, Marguerite, née à Paris en 1868. Marguerite épousera Georges Franc de Ferrière, officier de marine, beau-frère de l’écrivain Pierre Loti.
Philippe est un scientifique de haut niveau ; il intègre le laboratoire d’un des chefs de file de la chimie française, Adolphe Wurtz, professeur de chimie à la faculté des sciences de Paris, sous-directeur du laboratoire de chimie de l’École pratique des Hautes Études à la Sorbonne. Philippe est trilingue, avec l’anglais et l’allemand, ce qui lui permet d’établir des relations avec des scientifiques anglais et allemands de premier plan et de recenser et traduire de nombreuses publications étrangères. Il sera par ailleurs un des cofondateurs de l’École Alsacienne, créée en 1874 par des pédagogues et universitaires alsaciens protestants réfugiés.
Les liens avec le Béarn
Le fils aîné, Raoul, se marie en décembre 1898 avec Marthe Seydoux-Sers (1875-1957).
La famille de Marthe est installée à Pau. Son père, Louis-Auguste Seydoux, est secrétaire d’ambassade. Sa mère, Élisabeth Anne Sers, est la fille de Louis-Alexandre Sers (1819 – 1886) et d’Élisabeth Schlumberger (1826 – 1879), issue d’une famille d’industriels alsaciens. Ils se sont mariés à Pau en 1846, y ont vécu et y sont enterrés.
Suivant les traces de son père Louis Sers (1791-1865), qui fut préfet du Bas-Rhin, Louis-Alexandre sera sous-préfet à Bellac (Haute-Vienne), puis Cognac (Charente) avant d’être nommé sous-préfet de Bayonne de 1849 à 1851. Il s’installe définitivement à Pau en 1851, où il sera même conseiller municipal. Il lègue à la ville de Pau un de ses domaines pour qu’elle puisse créer des installations durables et d’utilité publique : un véritable centre d’entraînement hippique.
Quatre enfants naîtront du mariage de Raoul et Marthe : Robert né en 1900, Maurice en 1902, Hélène en 1904 et Yvonne en 1908. La famille vit à Paris et partage ses vacances entre le Doubs et le Béarn, où vivent les grands-parents maternels.
Difficile de connaître la raison exacte qui pousse, à 47 ans, Raoul de Clermont à acheter, en 1910, une grande maison dans le bourg d’Osse-en-Aspe.
Le parcours de Raoul de Clermont
Les auteurs Yamina Lariba-Godinot et Philippe Anglade invitent dès les premières pages de leur biographie à se replonger dans l’univers du XIXe siècle pour aborder le riche parcours de Raoul de Clermont.
Curiosité intellectuelle, ouverture d’esprit, les différentes expériences de Raoul de Clermont font aussi référence à des rencontres qui l’ont marqué et qui contribueront au cheminement de cet homme, « homme de son temps, capable d’apporter sa contribution dans le domaine scientifique aussi bien que littéraire et juridique… ».
Études primaires à l’École Alsacienne, proche du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris.
Lycée Henri IV, puis Institut Agronomique de Paris, où il obtient son diplôme d’ingénieur agronome en 1885.
Après l’Institut, il se lance dans des études de droit, séjourne en Allemagne et en Angleterre, où il perfectionne sa pratique des langues étrangères et des affaires.
1891 : attaché à l’ambassade de Berne, chargé d’un rapport sur l’agriculture en Suisse.
« Déçu par la diplomatie », il reprend des études de droit et est admis comme avocat au barreau de Paris en 1898.
Les participations à des structures associatives de premier plan
Raoul de Clermont s’engage dans plusieurs associations :
L’Association littéraire et artistique internationale (1878) pour la protection juridique du travail intellectuel des auteurs.
L’Association internationale pour la protection de la propriété industrielle (1897) pour l’étude et la comparaison des législations internationales.
La Société pour la protection des paysages de France (1901).
La Société d’acclimatation (Société nationale de protection de la nature), fondée en 1854.
La Ligue pour la protection des oiseaux (1912).
Un parcours d’intellectuel inséré dans les préoccupations de son temps
1886 à Berne : signature du grand accord international sur la protection des droits d’auteurs.
1898 : Congrès international de Londres où il présente un rapport sur la concurrence déloyale.
1904 : Congrès de Marseille où il défend la protection des travaux d’histoire et de critique.
1905 : Congrès de Liège où il milite pour la protection des paysages et des sites naturels.
1906 : Adoption de la loi Beauquier sur la protection des paysages en France.
1916 : Rapport sur « La cité reconstituée », qui propose un cadre légal pour la reconstruction après la guerre.
1923 : Premier Congrès international pour la protection de la nature à Paris.
1930 : Loi du 2 mai 1930 sur la protection des sites et monuments naturels, dont il est l’architecte.
Dernières années et héritage
Raoul et Marthe de Clermont se retirent à Pau pendant la Seconde Guerre mondiale. Raoul décède le 1er mai 1942, à l’âge de 79 ans. Marthe décède en 1957.
Il laisse l’image d’un intellectuel et d’un homme engagé, ayant œuvré toute sa vie pour la protection du patrimoine naturel et culturel.