de Régine Péhau-Gerbet
Régine Péhau-Gerbet, « La Maîtresse des Forges », 2017, Éditions Monhélios, 256 p., 19 €
Voilà de nombreuses années que Régine Péhau-Gerbet travaille sur les aspects sociaux de la construction de la ligne de chemin de fer en Aspe. Elle a d’ailleurs rassemblé en 2013 ces recherches dans un ouvrage, « Transpyrénéen en vallée d’Aspe – une construction et des hommes ». Le défi qu’elle relève, avec la publication du roman « La Maîtresse des Forges », consiste à passer de l’Histoire à une histoire.
Dans les pas et par les yeux d’Anna, institutrice, son héroïne, on découvre l’univers singulier du chantier ferroviaire des Forges d’Abel au début du XXe siècle. Je n’ai pas pu m’empêcher de voir s’animer quelques-unes des cartes postales qui nous sont parvenues. Régine Péhau-Gerbet réussit à faire vivre ce quartier de Borce qui est, depuis, retourné à l’état de friches.
Nous découvrons, aussi, une jeune femme attachante, fragile, « hussarde de la République », féministe, pour qui l’émancipation des filles… et des femmes passe par l’éducation. Ce roman nous plonge également dans un monde que l’actualité a ramené sur le devant de la scène, ces dernières années : celui de la migration. Celle des ouvriers espagnols venus s’embaucher sur les chantiers ferroviaires de la fin du XIXe siècle et des femmes qui les accompagnaient. Celle aussi des Béarnais qui quittaient leur pays pour les Amériques.
Régine Péhau-Gerbet a réussi son premier essai, en rendant avec délicatesse, sensibilité et justesse une époque qui a fortement marqué la Vallée d’Aspe. On attend la suite...
Jean-Luc Palacio